Ah, la fameuse constitution ... C'est un sujet bien
d'actualité qui déchaîne les passions et déchire les parties
politiques en France. Dans un certain sens, je trouve ça très
intéressant, ça fait ressortir que le clivage politique droite
contre gauche (et vice et versa) n'est pas total et n'est pas
forcément le seul discriminant du paysage français, ouf !
Par contre, le débat, lui, est consternant et stérile. On a
le choix entre : ce n'est pas une bonne constitution et il faut
voter pour l'Europe ! C'est assez limité comme argumentaire et
surtout ça ne représente pas le panel d'opinions différentes que
l'on est en droit d'espérer autour d'une telle question. En
fait, on a l'impression que l'on veut nous pousser à interpréter
ce référendum sur des arguments qui sont au delà de la
constitution. Pourtant, il est tout à fait légitime de refuser
cette constitution sans pour autant être contre
l'Europe. Attention, les partisans du non ne sont pas
forcément mieux, beaucoup s'appuie sur une rejet du gouvernement
actuel, ou un rejet d'une certaine image libérale de
l'Europe (que je trouve fausse.)
En parlant de libéralisme, d'ailleurs, j'entends souvent que
cette constitution est trop libéral, pourtant sur de
nombreux point elle se situe à l'opposé total du libéralisme. On
retrouve dans ce genre d'opinion, d'ailleurs, la confusion entre
libéralisme, capitalisme et mercantilisme. Le libéralisme, pour
faire court, voit l'état comme un organe d'arbitrage, plus que
comme un régulateur et un législateur. Dans l'univers libéral
idéal, il n'y a pas de lois, seulement des jugements ponctuels
ou des règles effémaires, et le supposé équilibre naturel entre
producteur et consommateur (dans tous les sens du terme, notamment
vu comme employé et employeur) fait le reste. On voit facilement
qu'une constitution qui veut s'occuper de régir le monde
économique n'a rien de libéral.
Parlons un peu du référendum, maintenant. En observant les
arguments de certains partisans du oui qui font
planer la menace d'une catastrophe pour l'Europe en cas de
victoire du oui, est on rapidement amener à voir l'inadéquation
de la question du référendum avec le sujet. En effet, la
question se résume à êtes pour ou contre cet constitution (enfin
la modification de la constitution française pour accepter le
traité constitutionnel.) Si je vote non, pour moi je
vote contre cette constitution, pas contre l'Europe, pas
même contre l'idée de donner une constitution à l'Europe. Or, le
débat est dérivé par certain vers ces questions, et dans une
certaine mesure c'est légitime, parce qu'en cas de victoire du
non on ne saura pas l'interprété, est-ce non à la
constitution, non à l'Europe, non au gouvernement, non au fait
de donner une constitution à l'Europe ?
Au final, j'ai la sensation qu'aucun vote n'est bon. Je
n'aime pas cette constitution, je la trouve trop dirigiste, trop
figée, trop technocratique et trop socialiste. Mais d'un autre
côté je suis un farouche partisan de l'Europe et de l'Europe
vite, sans concession (mais peut être pas à 25.)
Ouvrons une reflexion, tient : doit-on chercher une
véritable unité politique avant de définir son cadre politique
et géographique, ou construire les institutions et fixer les
frontières avant de se mettre d'accord ?