N'oublions pas nos poilues

Il ne s'agit pas d'une date particulière, mais l'actualité est venue rappeler ce douloureux souvenir : Verdun .

Verdun : je ne suis pas sûr de situé correctement cette commune, "plus ou moins à l'Est et au Nord". Si ce n'était les monuments, beaucoup de jeunes de ma génération pourraient traverser cette région sans la reconnaître. L'image qui nous reste de cette guerre est bien simple : boues, tranchées, une nuit perpétuelle remplie du rythme des mitrailleuses accompagnant le sifflet des obus. Un paysage d'un autre monde, un chaos engendré par la folie meurtrière de ce début de siècle et toute la rancoeur du précédant, voila ce que nous voyons, la folie de nos ancêtres.

Étrangement, on parle plus souvent de l'horreur de la second guerre mondial, une horreur froide issue de l'extermination systématique de civils dans des camps dédiés à la mort au nom d'une idéologie obscure. Mais quand en est il de se massacre de 1916, et même celui de 1914, 15, 16 et 18, c'est cinq années de mort, de destruction. L'uniforme rend-il la mort moins horrible ou la culpabilité partagée par les vainqueurs nous impose-t-elle ce silence. Contrairement à ce que certains pensent, le soldat n'a pas plus choisi qu'un autre de se faire enterrer dans la boue, déchiqueté par un obus. Mourir dans la nasse d'un bataille absurde n'est pas moins révoltant que dans une chambre à gaz. Peut être que nos poilues et leur compères d'infortunes, même allemands, n'avaient pas assez de point commun à partager pour défendre leur mémoire, personne pour réclamer le prix du sang, pas de religion distincte, pas de communauté forte.

Non, les poilues sont des monsieurs tout le monde, de jeunes poètes appelés, des ouvriers, des comptables ... Catholiques, juifs ou musulmans et athées aussi (il y a maintenant un monument pour les trois religions monothéistes, mais aucun pour ceux qui ne croyaient en aucun dieux) sans distinction, de toute façon, les balles ne choisissent pas, l'armée non plus.

Et tout ça pour quoi ? Quelques centaines de mètres perdues et regagnées. Que venait chercher ces Allemands dans nos campagnes ? En tout cas, c'est la mort qu'ils ont trouvé. Pourquoi se battre pour un petit village. Fleury : seize fois pris et repris, pas une maison n'a survécue.

Pour eux pour nous, pour ceux qui sont morts et ceux qui les ont pleurés, pour ceux qui ont payé la guerre avec des bouts de leur corps, pour ceux que l'horreur a tenu éveillé tout le reste de leurs jours, ces vainqueurs et ces vaincues, pour que cette guerre serve au moins à quelque chose, il faut se souvenir et ne pas ranger dans les méandres de l'histoire la bataille la plus sanglante qui fut. Le poilue de Verdun a autant sans place dans le panthéon des martyres que le déporté de Dachau.

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